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La quatrième vague induit un recul du bien-être, une hausse des besoins en santé mentale des jeunes et une recrudescence des arrêts de travail

Depuis le début de l’année 2021, le Groupe d’évaluation mentale (MAG) du GEMS assure un suivi régulier de la motivation, de la santé mentale, de l’absentéisme et du chômage de la population belge. Son avis est inclus dans celui du GEMS, pour le Comité de concertation. La quatrième vague a exercé le plus grand impact négatif sur le bien-être des étudiants, des personnes travaillant dans le secteur de la culture et de l’événementiel, ainsi que des enseignants et des prestataires de soins de santé. Actuellement, une éventuelle augmentation des troubles psychiques n’apparaît pas encore clairement. Cependant, il semble que, tout particulièrement, les jeunes éprouvent des difficultés et demandent plus de soins de santé mentale. Parallèlement, la quatrième vague actuelle induit une augmentation de l’absentéisme qui augmente la pression de travail sur les employés restants avec, en corollaire, une augmentation de l’incidence du burnout professionnel.

La santé mentale, l’absentéisme pour cause de maladie et le chômage font l’objet d’un suivi constant

Dans cette pandémie, les chiffres épidémiologiques ne sont pas les seuls à faire l’objet d’un suivi étroit. Depuis le début de l’année 2021, le Groupe d’évaluation mentale (MAG) du GEMS assure régulièrement le suivi de la motivation et de l’état de santé mentale, de l’absentéisme et du chômage de la population belge. Le MAG utilise des données issues de rapports scientifiques et analyse des données provenant d’organisations et d’institutions de soins de santé. Les membres du MAG sont principalement des experts issus d’universités et de services publics dans les domaines humain, social et du travail. Le rapport du MAG est toujours inclus dans les avis du GEMS pour le Comité de concertation.

Le bien-être accuse un nouveau recul depuis la fin du mois de septembre, en particulier chez les étudiants, les enseignants, les prestataires de soins et dans le secteur de la culture et de l’événementiel

Les données à long terme du baromètre de la motivation (UGent) et de la grande étude Corona (UAntwerpen) démontrent que le bien-être avait régulièrement augmenté avant l’été, lorsque les mesures ont été assouplies. Cette amélioration s’est arrêtée à partir du mois de septembre, et s’est à nouveau détériorée depuis la fin du mois de septembre, en particulier chez les étudiants et les adultes de moins de 45 ans. C’est également le cas des personnes actives dans le secteur de la culture et de l’événementiel, ainsi que des enseignants et des prestataires de soins. Ils ont été les plus touchés par la quatrième vague et/ou les mesures qui en découlent.

Les listes d’attente pour les soins de santé mentale destinés aux adolescents et aux enfants sont préoccupantes

À ce jour, il n’existe pas de données régulières et solides relatives à l’impact de la crise sur les problèmes de santé mentale. Le MAG a donc dû s’appuyer sur les données des organisations et des institutions de soins. L’agence ‘Opgroeien’, qui soutient les enfants et les jeunes adolescents en situation de crise découlant de problèmes de santé mentale, a enregistré, depuis le début de l’année 2021, une hausse encore plus importante des contacts que depuis le début de la crise de la COVID-19. En juillet et août 2021, les chiffres se sont stabilisés, mais depuis septembre 2021, ils sont repartis à la hausse. La plupart des demandes d’aide concernent des problèmes psychiques, y compris des demandes sur le suicide. Ce sont surtout les institutions de soins pour jeunes adolescents qui reçoivent le plus de demandes d’assistance en cas de crise. Cependant, il y a un manque de place d’accueil pour le traitement des troubles alimentaires et des troubles psychiatriques généraux. Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les listes d’attente sont devenues 4 fois plus longues (actuellement 5 à 6 mois). Les services de pédopsychiatrie (ambulatoires et hospitaliers) et d’accompagnement psychologique aux étudiants déclarent également ne pas pouvoir répondre à la demande. Il faut jusqu’à deux ou trois mois avant de pouvoir consulter un pédopsychiatre ou avant qu’un enfant puisse être admis dans une unité de pédopsychiatrie.

Une plus grande consommation de médicaments, mais pas plus d’utilisateurs

Les données sur les médicaments provenant de Farmaflux (plateforme d’échange de données entre pharmaciens) et les dépenses de santé provenant de l’INAMI indiquent que les personnes prenant des sédatifs ou des stimulants en prennent de plus en plus depuis le début de la pandémie. Cette évolution peut s’expliquer par l’augmentation du nombre et de la gravité des symptômes ou par la baisse de fréquence du recours aux services de santé mentale. Parallèlement, le nombre de personnes prenant ces médicaments affiche toutefois un statu quo, voire une diminution. Les dépenses de soins de santé pour les psychiatres et les pédopsychiatres étaient moins élevées d’avril à juillet 2020 (première vague), en octobre 2020 et en janvier 2021 (deuxième et troisième vagues) que les années précédentes. C’était également le cas pour les consultations « physiques » avec d’autres médecins, mais si l’on inclut les consultations à distance, ces dernières dépenses sont plus élevées que les années précédentes depuis mars 2021.

Augmentation importante des congés de maladie de courte durée et des burnouts

La propagation croissante du virus met de plus en plus de travailleurs sur le banc de touche. Les données d’ACERTA, un groupe de services RH, indiquent une forte augmentation des congés de maladie de courte durée depuis septembre 2021, tous secteurs confondus. Cette hausse fait peser une charge de travail plus lourde sur le personnel restant. Les données de l’Idewe, un service externe pour la prévention et la protection au travail, montrent que cette situation augmente le risque d’épuisement professionnel ou burnout, ainsi que l’insatisfaction et l’intention de quitter son emploi. Il était donc important que le Comité de concertation en tienne compte au moment de décider de ses mesures.

Ne rien faire n’est pas une option

Au niveau mondial, l’OCDE demande instamment que soit pris en compte l’impact de la crise de la COVID-19 sur la santé mentale de la population. Cette approche nécessite une politique intégrée et intersectorielle. Un article récent paru dans The Lancet va dans ce sens, affirmant que l’absence de réaction face aux problèmes de santé mentale actuels n’est pas une option.